Voyage Initiatique

Nouvelle initialement publiée dans le Plan K n°34, janvier 2008

En manque d’inspiration pour rédiger une nouvelle pour ce numéro de Plan K, j’ai demandé à un de mes bâtards réguliers de faire le récit de son dernier passage chez moi… enfin: quand je dis “chez moi”, ce n’est pas tout à fait exact !

Je me suis déjà livré à cinq reprises à ce Master, et j’ai une confiance aveugle en lui. Ceux qui ne le connaissent pas en parlent souvent d’une manière stéréotypée et presque négative, mais ceux qui ont la chance de le connaître en portent une image dithyrambique et une confiance aveugle, et je suis de ceux là.

Mercredi soir, il me contacte par téléphone « es-tu disponible ce weekend, à partir de vendredi soir ? »

J’ai déjà un plan programmé, mais je l’annulerai, et je saute là sur l’occasion qui m’est offerte: « oui bien sur, vous voulez que j’arrive pour quelle heure ? ». Il me répond « si tu arrives par le TGV de 19h, ce sera parfait. Je te donne tes consignes maintenant et tu me confirmeras l’horaire. Tu voyageras avec, sous tes vêtements, une combi latex longue et noire, chaussettes latex en place sous la combi, gros plug en place. Ce ne sera pas un plan banal je te préviens tout de suite : tu me fais confiance ? » J’ai quelques secondes de silence avant de lui répondre « oui pas de problème. » « C’est OK. Confirme moi par SMS ton heure d’arrivée vendredi soir, et ton heure de départ dimanche dans l’après midi. Tu recevras les consignes par SMS à ton arrivée en gare. Tchao » puis il raccroche.

Je suis un peu surpris. Mais comme je suis en absolue confiance, je me lance. Réservation de mes billets de TGV sur le site internet SNCF, un message SMS pour confirmer le tout…

Et me voila vendredi après-midi en Gare de Lyon, pour prendre mon TGV qui va m’amener à mon Maître du weekend pour un plan dont j’ignore tout.

Je suis en latex, dans la tenue convenue, sous des vêtements amples de skateur, une paire de grosses baskets aux pieds, et un plug monumental dans le cul. Dans la chaleur du métro, je me suis pris un coup de chaud, je suis trempé sous mon latex: je baigne déjà dans ma sueur, et je “pue” littéralement le latex moite et chaud… Je saute dans le TGV, trouve ma place, à côté d’un bidasse en treillis camouflé, et le voyage vers l’inconnu débute.

3h40 plus tard, le TGV entre en gare, je reçois un SMS avec mes consignes. Je suis interrogatif car le message débute par un « 666 Bienvenue ! » Mais c’est vrai, mon pseudonyme sur internet contient bêtement ce “chiffre” , et je n’y apporte donc pas plus d’importance que ça.

Je suis à la lettre les consignes reçues: je sors de la gare et je pénètre dans un parking souterrain, à la recherche d’une grosse berline bleue dont je ne connais que l’immatriculation. La voila, garée dans un recoin discret du parking. Comme prévu, elle n’est pas fermée à clé. Je retire mes vêtements de skateur et je me retrouve exclusivement en latex. Je dépose mon sac à dos et mes vêtements sur le siège arrière, je referme la porte et je me dirige vers le coffre de la voiture. Comme prévu, une cagoule latex aveugle, une paire de gants latex épais, une paire de menottes et une paire d’entraves sont dans le coffre, qui est revêtu d’une bâche en vinyle noir et épais. Je monte dans le coffre, je verrouille les entraves à mes chevilles, j’ajuste la cagoule latex et referme le coffre avant de verrouiller mes poignets dans le dos à l’aides des menottes. Une portière claque, puis une autre, le moteur ronfle: je ne sais pas quel traitement va m’être réservé. Une peur prospective m’envahit, mais je me calme vite: je sais que je suis en de bonnes mains.

La voiture roule depuis une bonne heure quand j’entends distinctement les gravillons d’une allée sous les pneus de la voiture. Puis le moteur est coupé, les deux portières claquent sourdement. Et plus rien pendant de longues minutes.

Si… il y a désormais une odeur étrange qui règne dans le coffre de la voiture, un peu camphrée, qui picote la gorge. En moi je me dis que… ce doit être… l’odeur de… …la bâche… ..en…. …vinyleeeeeee….

Je plonge irrésistiblement dans un profond sommeil.

Quand je reviens à moi, je suis toujours aveugle sous ma cagoule latex qui m’étreint désormais très fortement, mais je ne suis plus dans le coffre de la voiture. Manifestement je suis entravé, écartelé, en crois, sur un sol dallé et froid. Je sens le dallage et sa froideur à travers le latex. Une forte odeur d’encens règne, une musique curieuse aux sonorités profondes et répétitives est diffusé dans cette pièce que je ne connais pas, et qui résonne sourdement.

Par trois fois, j’entends six tintements d’une cloche à la tonalité claire. Puis une voix s’élève, je n’en comprends pas les paroles, presque gutturales, mais sa sonorité est pourtant chaude et agréable à l’oreille, mais un peu dramatique quand même. D’autres voix lui répondent en coeur, toutes aussi incompréhensibles pour moi. Il y a manifestement un public, important, tout autour de moi. Peut-être 30 à 40 personnes. Peut-être plus…

Je bande tellement dans ma combinaison latex, que ma queue en devient douloureuse. Une main s’aventure à son contact, une caresse, douce tout d’abord, puis très ferme, qui me masturbe au travers de latex épais.

Le zip de ma combinaison est ouvert, ma queue en est extraite. La main est gantée elle aussi de latex, et je sens un liquide froid couleur sur ma queue. C’est du lubrifiant au silicone. La masturbation devient savante, le contact de la main gantée et lubrifiée sur ma queue devient très vite jouissif, mais celui qui m’a entrepris est vraiment très fort: je suis à la limite de jouir, toujours à la limite, pendant de longues minutes, mais jamais il ne me laissera larguer la purée. Le temps me parait interminable. A plusieurs reprises, je perçois un changement de rythme, sans doutes les mecs se relayent-ils dans cette séance de cum-control. Je me cambre, toujours attaché en croix au sol, aveugle, et je hurle tant je voudrais que mes bourreaux me laissent jouir, mais rien n’y fait.

Et toujours cette voix, toujours cette musique, toujours ces réponses ânnonées gravement et en coeur, toujours cette forte odeur d’encens.

Ma torture continue, cela fait peut-être une heure que je supplie qu’on me laisse jouir enfin, alors que j’entends toujours ces voix autour de moi, ce qui me semble être des incantations, et toujours ces réponses collectives prononcées en coeur par le public.

Deux mains saisissent ma tête, de part et d’autre, et me caressent doucement. Je veux jouir, mais ils ne me laissent pas jouir… je sens les mains passer sous ma tête, déboucler le collier de la cagoule, remonter lentement le zip en arrière, puis retirer le latex de mon visage.

Là, je découvre le visage de mon Maître, celui qui m’a convoqué, penché au-dessus de moi, entièrement vêtu de latex, à la lueur des énormes bougies qui éclairent cette salle voûtée. Je regarde autour de moi: je suis écartelé aux pieds d’un hotel de marbre noir couvert d’un linceul rouge, tous les participants sont vêtus de latex noir, et cagoulés. Pas un seul mm² de peau n’est visible sur la trentaine de personnes qui me font face.

Je ne sais pas où je suis, je ne sais toujours pas ce que mon Maître attend de moi. Le cum control, cette masturbation qui devient insoutenable se poursuit encore de longues minutes, et les mecs se relaient pour me branler, tous plus experts les uns que les autres.

Une voix ferme et cette fois compréhensible me sort brutalement de cet état contemplatif et presque second:
« Nous sommes ici réunis pour admettre dans notre cercle Cédric. Y consentez-vous ? » C’est mon Maître qui parle. Cette voix, c’était lui.

L’auditoire répond, dans un coeur réglé à la perfection «Par devant l’être suprême, recevons Cédric en notre cerle, et qu’il honore et lui obéisse en toutes occasions ».

A nouveau, j’entends le tintement de cette cloche, toujours trois fois si coups… le rythme de la masturbation se modifie, je me mets à hurler de douleur alors que ma semence jaillit par jets puissants à plus d’un mètre de hauteur.

Je suis épuisé. Satisfait, mais épuisé.

Mon Maître me libère de mes liens, et là, les spectateurs et les acteurs de cette scène, tous recouverts de latex, viennent vers moi pour m’étreindre, m’embrasser, me caresser…

La suite de cette cérémonie, de ce week-end, mon Maître m’a demandé de ne pas la raconter. Ou en tous cas, pas tout de suite…

Cédric
Rédigé à la demande de Bernard